Lorsqu’on est entrepreneur, on a parfois l’impression de se trouver sur des montagnes russes. Les périodes d’euphories liées au gain d’un contrat, à l’augmentation ponctuelle du chiffre d’affaires, à un avis très positif d’un bon client, succèdent à des difficultés telles que l’augmentation des charges (énergie, matières premières), la fonte de la trésorerie, la surcharge de travail à laquelle on fait face au prix d’un courage et d’une fatigue qu’aucun salarié ne  pourrait concevoir, même dans ses cauchemars les plus horribles.

Les économistes annoncent que l’activité du commerce indépendant est à nouveau à la baisse en ce mois d’avril, l’équipement de la maison par exemple connait une baisse de -3,5%.

En tant que chef d’entreprise, que faire pour traverser ces périodes difficiles sans y laisser son énergie, sa motivation, sa santé mentale et toutes ses économies personnelles ?

Je m’appelle Barbara Pagnier, j’ai créé mon entreprise de relooking de meubles, Ma Bulle Déco. Forte de mes nombreuses années d’expérience de gestion d’une entreprise en mode solo, je souhaite en faire profiter les personnes qui viennent de créer leur micro-entreprise ou qui ont pour projet de le faire.

Revenons un an en arrière. Tous les feux étaient au vert pour mon entreprise indivuelle. Chiffre d’affaires en constante évolution, régularité des commandes et des ventes. Bref, je pouvais enfin envisager de faire grandir ma société. Ce que j’ai fait en commençant par embaucher une apprentie, afin de pouvoir traiter plus de commandes plus rapidement.

Mais cet hiver, BAM ! Creux de la vague. Une trésorerie qui fond comme neige au soleil en raison d’un rattrapage URSAFF (j’avais augmenté un peu mon salaire l’année précédente), une activité en baisse (moins de commandes, moins de ventes …), des charges fixes qui continuent à grever la trésorerie (loyer, énergie, téléphonie, comptabilité…) et le salaire de mon alternante, qui, même avec les aides des OPCO, n’est pas sans impact. Arrêter de me payer a été ma première décision. Entendons-nous bien, je ne me rémunère même pas un SMIC au bout de 5 ans d’activité. Mais cela ne suffisait pas à stopper l'hémorragie.

Me séparer de mon apprentie ? J’y ai bien pensé, mais, les contrats d'apprentissage étant protégés, et c'est tout à fait normal, je ne pouvais le faire sans déposer le bilan. Mais c’est justement ce que je ne voulais éviter à tout prix : déposer le bilan de ma petite entreprise dans laquelle je mets depuis de nombreuses années toute mon énergie, tout mon courage et tout mon cœur.

Il y avait urgence à agir.

J’ai effectué un plan de trésorerie complet mois par mois, sur un an, regroupant toutes les dépenses mensuelles de ma société : charges immobilières, taxes, impôts, achat de matières premières, frais de téléphonie, frais de déplacement, frais de communication, comptabilité, etc.

Jusqu’ici, je savais bien sûr à combien s’élevaient mes charges mensuelles, en effectuant ma compta, mais je n’avais jamais calculé ce que le fonctionnement de mon entreprise coûtait à l’euro près.

Si vous les souhaitez, je peux vous envoyer mon modèle de plan de trésorerie. Il vous suffit pour cela de remplir le formulaire de contact ci-dessous, et de préciser en commentaire "je demande le modèle de plan de trésorerie".

Ce plan de trésorerie m’a ensuite permis de rédiger la liste des dépenses qui pouvaient être supprimées ou réduites.

Ainsi, je me suis désabonnée de certains services Premium (ma plateforme d’envoi d’E-mails par exemple), j’ai réalisé des économies d’énergie, d’essence, etc.

J’ai fait le point sur mon stock j’ai mis en vente en promotion les articles qui trainaient depuis longtemps. Cela m’a permis de retrouver un peu de liquidités par ci, par là. Je n’ai pas hésité pour cela à réactiver certaines Market Places (le Bon Coin, Selency…). Quelques ventes ont suivi.

Même en faisant le point régulièrement, il y a toujours quelques devis qui n’ont jamais reçu de réponse de la part des clients. J’ai fait le point sur ces vieux devis jamais validés. J’ai rappelé tous les clients, même ceux dont le devis datait de plus d’un an. Je suis ainsi parvenue à en réactiver quelques uns. Parfois, les gens ne répondent pas, non parce qu’ils ne veulent pas travailler avec vous, mais parce qu’ils passent à autre chose. J’ai été surprise de constater qu’ils apprécient qu’on les sollicite pour avoir des nouvelles, ce qui les décide parfois à avancer sur ce projet oublié. J'ai ainsi réactivé trois devis d'un panier moyen d'environ 1000€ immédiatement et rempli mon planning du mois en cours.

J’ai relancé tous mes « bons » clients, ceux qui ont passé une ou plusieurs commandes au cours des deux dernières années, pour leur demander s’ils étaient contents de mes prestations, et si par hasard, ils n’auraient pas d’autres travaux à me confier. Contre toute attente, cela a fonctionné : j’ai récupéré ainsi quelques contrats à plus ou moins court ou moyen terme. Mon planning pour les prochains mois a commencé à se remplir.

Plus que jamais, j’avais besoin de visibilité. Quand les temps sont difficiles, le réflexe est le repli sur soi. Mais c’est une erreur, il est important au contraire de garder le contact, de parler et faire parler de soi. J’ai continué à publier du contenu sur mes réseaux sociaux, et j’ai même fait quelques posts payants. J’ai continué à envoyer des newsletters à mes clients. Bref, j'ai continué à montrer le dynamisme de mon entreprise.

Avec ces quelques actions, j’ai réussi à remonter de plusieurs milliers d’euros ma trésorerie qui était au plus bas. Même si la conjoncture n’est toujours pas très favorable à mon activité à l’heure actuelle, je suis beaucoup plus sereine, et je peux à nouveau me verser un (tout petit) salaire, qui me permet de rester motivée. Rien n’est pire que de travailler pour rien, même si c’est pour sa propre entreprise.

Si vous aussi, en tant qu’entrepreneur, vous avez vécu une situation difficile, dites-nous comment vous en êtes-vous sorti en commentaire. Votre retour d’expérience pourra être aussi riche qu’utile à cette communauté de personnes passionnées mais fragiles que nous sommes,  nous les entrepreneurs indépendants.

Me reconvertir dans l'artisanat : suis-je vraiment prêt(e)?